Fahimeh Robiolle

Après une carrière dans le nucléaire, Fahimeh Robiolle, chevalier de la Légion d'honneur, prête sa voix aux femmes afghanes et iraniennes pour alerter sur leur situation et combattre l’obscurantisme. 

Quel est votre parcours ? 

 Lorsque la révolution éclate en Iran en 1979, je suis une femme scientifique, à la tête de mon propre laboratoire dans le nucléaire et mariée à un occidental. Pour notre sécurité, nous quittons mon pays, pensant revenir rapidement. 

Ne pouvant travailler dans le nucléaire, j’ai dû changer de métier en France. Ce n'est qu'en 1986 que j'ai demandé la naturalisation et que j’ai intégré le Commissariat à l'Énergie Atomique (CEA). J'y ai progressivement gravi les échelons jusqu’à devenir adjointe du directeur du centre de Fontenay-Aux-Roses. En 2007, j'ai créé ma propre structure de consultante en audit et de formation en négociation, gestion de conflit et leadership. 

En 2008, j'ai pu en rendre en Iran lors d’une mission d’audit. La révolution était passée par là et les stigmates de la guerre Irano-Iraq ainsi que la répression étaient omniprésentes. Alors que j’étais déjà chargée de cours en France, j’ai commencé à enseigner à la faculté d’ingénieurs de l’université de Téhéran la négociation, la gestion de conflit et le leadership. 

Que faites-vous pour l'intérêt général ? 

Au vu de résultats très prometteurs, j’ai décidé à partir de 2009 de mettre ces mêmes programmes à la disposition des femmes leaders afghanes. Avec l’arrivée des talibans, les femmes vulnérables ont sollicité mon aide pour fuir et demander l’asile Aujourd’hui encore, je reçois des messages de femmes qui vivent cachées depuis 2021. Mon but est de plaidoyer pour leur cause car les talibans doivent être jugés. Pendant 20 ans nous avons dit aux femmes qu’une autre vie était possible puis nous les avons abandonnées aux mains des terroristes. J’adhère également à la révolution Femme Vie Liberté en donnant une voix publique aux Iraniennes. 

 

Que représente pour vous la Légion d'honneur ? 

Être décorée par le grand chancelier m’a fait prendre pleinement conscience de l’honneur qui m’a été accordé. Je veux que cette distinction contribue à mon engagement, qu’elle m’apporte plus de crédibilité et que je sois davantage entendue.